Messika Revel, enseignante-chercheure en écotoxicologie et membre de l'unité de recherche rennaise Cyclann a répondu à la question "Pourquoi et comment sauver les océans ?" à l'occasion de la 4ème conférence scientifique de l'année, 13H ConSci, ouverte et accessible à tous.
Au début du 20ème siècle, les états ont commencé à découper l’océan en zones pour établir des périmètres d’exploitation des ressources marines. Des scientifiques et associations alertent depuis de nombreuses années sur l’impact des activités humaines sur l’océan alors même que ce dernier est un allié important pour lutter contre le dérèglement climatique.
Pourquoi protéger l’océan ?
L’océan occupe plus de 70 % de la surface terrestre et alimente le cycle qui permet de renouveler l’approvisionnement des continents en eau douce. Il a un rôle important de thermostat du globe car il permet de stocker et transférer de la chaleur de l’équateur vers les pôles. L’océan est également responsable de l’absorption annuelle de 26 % des émissions de CO₂ dans l’atmosphère et de la production de 50% de l’oxygène que nous respirons !
Les écosystèmes marins côtiers rendent aussi de nombreux services tels que :
- la séquestration du carbone dans les feuilles, les racines et les sédiments (herbiers sous-marins, mangroves, marais salés) et
- la protection face à la montée des eaux ou aux violentes tempêtes (récifs coralliens).
Par ailleurs, la biodiversité marine encore mal connue (250000 espèces connues sur un potentiel de 10 millions !) offre de nombreux services aux humains tels que l’alimentation. Par exemple, les mangroves permettraient de nourrir 210 millions de personnes. La biodiversité marine permet aussi une amélioration de la qualité de l’eau et une protection contre les phénomènes météorologiques extrêmes.
Enfin le tourisme, les activités récréatives et la découverte de molécules pour la pharmacopée (25000 actuellement) sont aussi d’importants services nécessaires à la bonne santé des hommes.
Les menaces qui pèsent sur l’océan
Diverses menaces sont directement liées aux activités anthropiques.
Alors que l’océan est capable de fixer le CO₂ atmosphérique, une trop grande quantité de ce gaz conduit à l’acidification du milieu. Ceci va altérer la formation de la coquille des organismes qui s’en trouvera plus petite ou moins solide.
- La pollution résultant des rejets de l’industrie, de l’agriculture, des déchets plastiques ou encore des eaux usées par les voies fluviales, l’activité portuaire ou le ruissellement via le sol et les eaux douces, mène au déversement d’un cocktail de polluants chimiques dans le milieu marin. Parmi eux les déchets plastiques (filets de pêche, emballages alimentaires) sont responsables de l’étranglement d’animaux marins puis vont se fragmenter en microplastiques (>5mm). Cela entraîne le dispersion d’espèces invasives fixées dessus mais aussi la diffusion d’additifs chimiques tels que des métaux ou des perturbateurs endocriniens.
- Une autre menace importante est la surpêche. Le développement de bateaux de plus en plus grands et perfectionnés ont permis de prélever un nombre croissant de poissons à des profondeurs explorées plus facilement. Malgré cela, le nombre de prises de poissons stagne aux environs de 100 millions … Signe que les populations n’ont plus le temps de se renouveler ! La pêche au chalut en eau profonde est particulièrement problématique car elle est non sélective et susceptible de détruire des habitats encore mal connus.
Pour lutter à son échelle contre la surpêche il faut se renseigner et consommer des organismes non menacés. Les produits issus d’une pêche durable ou d’élevage respectueux de l’environnement et sans produit chimique sont à favoriser.
La limitation des pollutions passe par une diminution de l’utilisation des produits chimiques en général comme les déchets plastiques (favoriser le vrac et les contenants en verre ou acier inoxydables), le tri correct des déchets à la maison ET en vacances. Pour l’été, pensez également à utiliser des crèmes solaires respectueuses des coraux.
Il y a un travail indéniable à réaliser par les gouvernements notamment en augmentant la proportion d’aires marines protégées avec un niveau de protection fort. Ainsi, une exploitation raisonnable permettrait de préserver les ressources. Néanmoins, chacun doit se renseigner et peut également s’engager et sensibiliser son entourage pour participer à la protection de ces écosystèmes.
Pour voir ou revoir la conférence
Pour aller plus loin :
- Comprendre les océans, article rédigé par IFREMER
- La biodiversité marine et les écosystèmes marins au service de la santé de la planète et des hommes, site Internet des Nations-Unis
- Pêche, pollution, réchauffement, comment sauvegarder l'océan ?, article The Conversation*
- Site web Surfrider Fondation