Nicolas Brault, enseignant-chercheur en sciences humaines & sociales sur le campus de Beauvais, vient de publier son dernier article scientifique qui traite de l'évaluation critique de l'intelligence artificielle dans la santé.
Disponible dans la revue « Journal of Evaluation in Clinical Practice », ce papier s'intéresse plus particulièrement aux applications mobiles dédiées à cet univers, et du traitement des données récoltées par ces dernières.
Résumé de l'auteur :
L'intelligence artificielle et les big data constituent une révolution dans le domaine médical.
Couplées aux applications de santé mobile (mHealth) dont chacun peut disposer sur son téléphone portable ou sa montre intelligente, ces technologies ouvrent la voie à une médecine dite « personnalisée », à même de s'adapter aux caractéristiques individuelles de chaque patient, tant en matière de prévention, de diagnostic que de suivi de traitement, notamment pour les patients souffrant de maladies chroniques.
Pourtant, nous considérons que la médecine personnalisée relève dans l'immédiat plus du mythe technologique que de la réalité clinique. En effet, cet article entend démontrer que ce dont les patients et les médecins ont besoin n'est pas une plus grande quantité de données mais d'une plus grande qualité de ces données, notamment pour réduire ou éviter les biais. Il est en effet impératif de procéder à une évaluation critique non seulement de la validité de ces données, mais aussi des inférences effectuées par les algorithmes à partir de ces données. Or, seul l'être humain est capable de procéder à cette évaluation critique des outils algorithmiques d'analyse des données.
Contre la thèse selon laquelle l'intelligence artificielle remplacerait à l'avenir les médecins, nous pensons donc que la dimension humaine doit rester au cœur de la relation médecin-patient, tant d'un point de vue épistémologique que d'un point de vue éthique.